Pas plus tard qu'hier, chemin du Mozambique, en plein après-midi, un cambriolage s'est opéré, sans que quelqu'un n'entende quoi que ce soit.
Mercredi matin deux hommes ont arpenté le chemin du Mozambique pour proposer de tailler les arbres. Ils ont interpellé une voisine en disant qu'ils étaient dans la maison d'à côté, et ont proposé leurs services à ceux qui étaient autour. Ils ont lourdement insisté pour venir voir les arbres des maisons proches, mais se sont vus confrontés à un "non" catégorique. Ils sont partis.
Renseignements pris, ils n'ont jamais travaillé chez la voisine. Ils devaient faire du repérage.
Que faire alors ?
Etre vigilants...
Cela réveille de vieux malaises partagés par beaucoup, mais qui mériteraient peut-être d’être regardés collectivement…
Le malaise : la crainte de tomber dans la peur, puis dans la paranoïa et enfin, nécessairement, dans une sorte de poujadisme rampant, toujours dangereux. Bref la crainte, qui taraude quotidiennement, de devenir ce que nous ne sommes en majorité pas.
Mais il est vrai que, dans le même temps, il faut constater les faits :
Oui, il faut être vigilant.
Oui, le quartier a cessé d’être exempt de tout risque.
Oui, on éprouve une peur confuse (que l’on n’ose s’avouer) à rentrer seul(e) le soir.
Oui, certaines manœuvres téléphoniques semblent s’exercer auprès des femmes isolées.
Oui, deux ados à motos sillonnent régulièrement les ruelles du quartier d’un “air” inquisiteur – mais peut-on empêcher des gamins de faire vroum-vroum toute la journée ? Et quoi de plus subjectif que “l’air de” qu’on attribue aux autres ? …
Oui, une personne voilée comme une femme (mais d'une allure singulièrement masculine) a été vue fouillant les conteneurs du parking Valouise – mais peut-on soupçonner une femme de n’être pas une femme ? Et pourquoi une femme voilée n’aurait-elle pas le droit de faire les poubelles ? Et va-t-on fustiger une indigente au motif qu'elle est voilée ? Bref.
Oui, non loin de Mourepiane, de très graves “incidents” se sont produits en relation avec la communauté gitane. Mais la peur des représailles paralyse peut-être toute action raisonnée…
Oui les voitures brûlées, oui les incivilités, oui la saleté.
Oui, tout le monde en a marre. Marre d’avoir peur, marre de ne plus oser respirer normalement, marre de ne plus oser parler normalement… Et tout ça est proprement inacceptable.
Sommes-nous piégés ?
Car comment évoquer ces problèmes sans être taxés d’hystériques sécuritaires, de racistes de base, de lepénistes en devenir .
Mais si notre seule réponse est de nous barricader derrière nos peurs et nos caméras de vidéosurveillance, nous laissons le champ libre à bien plus méchants et plus malfaisants que nous – et nous aurons notre part de responsabilité.
Une des pistes est peut-être de ne surtout pas se barricader derrière de grands murs, mais au contraire de s'ouvrir aux autres, de s'intéresser les uns aux autres, de faire ce que l'on a toujours appris aux enfants à ne pas faire: s'intéresser à ce qui ne nous regarde pas à priori.
- Qui est chez la voisine, est-elle là ? L'appeler pour vérifier de suite si elle a bien des ouvriers qui sont chez elle. Et si elle nous envoie bouler sous prétexte que ça ne nous regarde pas ce sera toujours moins grave que de découvrir qu'elle a été volée ou pire...
- Prendre un chien (à la SPA, malheureux qui attend des câlins) est aussi une solution assez simple contre les voleurs. Pas besoin qu'ils soient énormes et dressés, il aboie ça suffit.
- Dire bonjour dans la rue à tout ceux que l'on croise pour bien les regarder dans les yeux, qu'ils sachent qu'ils sont vus. Ne pas avoir peur de faire le 17 pour signaler des faits bizarres...
- Ne pas recourir aux travailleurs au noir qui sonnent chez vous pour proposer des petits travaux. il y a des gens biens qui font ça dans les règles et avec les 50% de crédit d'impôt, ce sera moins cher qu'au noir.
Et surtout, surtout, ne pas stigmatiser des populations, ne pas généraliser.
Il y a des imbéciles, des voleurs, des tueurs de toutes les couleurs et de tous les sexes.
Demandez au magasin l'Empereur à Marseille, ils voient de plus en plus arriver des femmes qui veulent acheter très vite des pieds de biche. Ils refusent désormais.
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